Sure - Canadian Substance Use Resource and Knowledge Exchange Centre

Publié : 28 mars 2022

Par:  Matthew Bonn

Tout le monde pense toujours que la majorité des achats de drogue en ligne se font sur le Web caché. Et même quand je dis le Web caché, beaucoup de gens n’ont aucune idée de quoi je parle. Selon la définition des dictionnaires, le Web caché est un ensemble de pages sur le World Wide Web qui ne sont pas indexables par les moteurs de recherche et qu’on ne peut pas consulter dans les navigateurs Web ordinaires. Cela veut dire que pour parcourir le Web caché, il faut un type de navigateur très particulier : un navigateur oignon; cela ressemble en tous points à Google ou Firefox, mais sert exclusivement à naviguer le Web caché, qui comporte tellement de couches (comme un oignon) qu’il faut un réseau privé virtuel pour y avoir accès. Il y a environ 10 ans, le Web caché était l’endroit où tout le monde achetait de la drogue en ligne, mais le « jeu » en ligne a changé, principalement pour le mieux.

Ne vous méprenez pas, tout achat anonyme comporte des risques; si vous utilisez les marchés du Web caché en dernier ressort, essayez au moins de passer par un utilisateur de drogue qui s’y connaît et qui peut les naviguer facilement! En l’absence d’une source sûre, il y a toutes sortes de façons de nous protéger mutuellement à l’ère de la santé numérique, comme le partage des sources et la surveillance mutuelle virtuelle (virtual spotting). L’une des premières anecdotes d’utilisateurs de drogue qui ne voulaient pas consommer seuls et qui ont innové en se surveillant mutuellement à distance est apparue presque aussi tôt que la pandémie. En plus de ces innovations virtuelles, l’émergence de méthodes plus sûres pour se procurer de la drogue en ligne a amélioré la capacité des personnes qui font usage de drogue de consommer sans danger.

La majorité des achats et des ventes de drogue en ligne se font aujourd’hui au moyen d’applications de messagerie cryptées comme Telegram, What’s App, Signal ou une poignée d’autres applis du même genre qui ont fait surface et sont devenues extrêmement populaires dans les dernières années. Essentiellement, ce sont des solutions rêvées pour les trafiquants de drogue : ils n’ont besoin que d’un pseudonyme pour négocier avec les acheteurs potentiels, avec qui ils peuvent établir une relation de confiance sans avoir à connaître réellement la personne. De plus, ils sont payés en cryptomonnaie dans un délai convenable. Et avec un peu de chance, l’acheteur reçoit le numéro de suivi de son envoi postal et a l’esprit tranquille.

Dans des villes comme Londres et Moscou, ces applis sont même publicisées dans des graffitis et sur d’autres marchés en plein air pour familiariser les gens avec les applis cryptées comme méthodes à privilégier pour faire leurs achats de drogue. Et ça fonctionne. Je connais quelques personnes qui font maintenant toutes leurs affaires en ligne avec de la cryptomonnaie et un numéro de suivi, car ça leur donne l’assurance qu’elles recevront leur produit. Essentiellement, les clients n’ont plus jamais besoin de rencontrer leur trafiquant en personne et vice versa, ce qui réduit les risques pour les deux parties.

Avec l’offre de benzodiazépines et de cocaïne qui augmente en Nouvelle-Écosse, la question se pose : D’où est-ce que ça vient, surtout en pleine pandémie? J’ai commencé à acheter toute ma drogue en ligne dernièrement, et je n’aurais pas pu demander un meilleur arrangement. Je peux faire livrer de la drogue dans l’un de plusieurs endroits sûrs et je n’ai pas besoin de me préoccuper de tout le côté louche de l’achat dans la rue. Certains lecteurs pourraient croire automatiquement que je parle du Web caché, mais je fais seulement référence à une ou deux applis cryptées qui me donnent accès à n’importe quelle drogue à partir d’un clavier.

Ça faisait longtemps que je l’attendais, et j’ai enfin trouvé le saint-graal des vendeurs.

Beaucoup de gens qui font usage de drogue deviennent très méfiants quand vous commencez à leur parler d’acheter de la drogue en ligne, et peut-être qu’ils ont raison, mais ça ne peut pas être plus dangereux que d’acheter de la drogue sur un marché en plein air. Nous aurions intérêt à apprendre quelques méthodes d’achat qui sont d’abord apparues en ligne sur le Web caché et qui rendent l’achat de drogue moins dangereux. Les forums sur les drogues et les marchés de séquestre garantissent au vendeur et à l’acheteur une expérience optimale à la portée de tout un chacun, comme le rapporte Reuters; plus la distance est grande entre l’acheteur et le vendeur, moins on risque que des informateurs ou des taupes s’immiscent dans ces activités.

Loin de moi l’idée d’encourager des tas de gens à cesser les pratiques qui fonctionnent bien pour eux, mais c’est un énorme changement dans ma vie qui me permet d’acheter des drogues sûres en ligne avec un risque quasiment nul. Il faut juste que je m’assure de changer continuellement l’adresse où les drogues sont envoyées; le mieux dans tout ça, c’est que certaines pratiques éthiques de réduction des méfaits sont utilisées sur ce nouveau marché d’achat basé sur des applis.

Je connais des gens qui retournent leurs commandes quand ils ne sont pas pleinement satisfaits. C’est comme un service Yelp pour l’achat de drogue, et ça se fait partout au Canada et à l’étranger.

Mais souvenez-vous…

  1. De ne pas consommer seul; de tester vos drogues; et d’avoir beaucoup de naloxone
  2. Lisez aussi le nouvel article évalué par les pairs, « Developing a digital health strategy for people who use drugs: Lessons from COVID-19 », dont j’ai l’honneur d’être l’un des auteurs.

Nous devons faire tout ce que nous pouvons pour protéger nos communautés au milieu de cette syndémie mortelle; nous ne pouvons pas laisser des politiques bureaucratiques ou des égos se mettre en travers de services technologiques qui sauvent des vies.


Les points de vue exprimés dans le Blogue CRUS sont ceux des auteurs and ne sont pas nécessairement ceux de l’Association canadienne de santé publique.

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